LES CHAKRAS
MÛLÂDHÂRA : Mûla = racine, Adhara= support, Support du bulbe racine appelé Mulakanda.
C’est le siège du désir, le centre de la conscience physique. Il dirige la conscience physique et le subconscient. Il est appelé « kula » (la matrice).
De la grosseur et de la couleur d’une mûre, il est situé au-dessous du sexe et au-dessus de l’anus (28 millimètres au-dessus de l’anus), sous la racine des organes génitaux. Il est resplendissant, adhérant à la bouche de Sushumnâ.
Selon Swami Yogheswarananda Saraswati, il se visualise sous la forme d’une flamme rouge ou des flammes de feu d’un autel sacrificiel.
Il est composé de quatre pétales de couleur rouge écarlate. La vision des pétales est activée par les vibrations émises par chacun d’eux. Chaque pétale donne à l’initié des indications précises sur les origines du corps. Un représente le développement du règne minéral – Un celui du règne végétal – Un celui du règne animal et le dernier correspond au développement du règne humain. Ils symbolisent également les quatre formes du bonheur : Béatitude – Suprême béatitude – Bonheur de la force vitale – Bonheur naturel.
Mûlâdhâra correspond à l’élément Terre (Prithivî), symbolisé par un carré, sa vibration émise comme « LAM » produit constamment la couleur jaune, symbole de l’éternité. Au centre du carré se trouve un triangle appelé traipura, il est semblable à l’éclair, étincelant et doux, forme même du désir.
Ce chakra gère entre autres, les fonctions de la marche, le sens de l’odorat, les organes du mouvement, de l’action, et le phénomène d’accumulation. L’être ancré dans ce centre est égocentrique. Puis, libéré de son attraction vers les plaisirs du monde, il devient un être spirituel.
La Divinité qui préside est Brahmâ le créateur, représenté sous la forme d’un enfant à quatre visages et quatre bras, il est monté sur le cygne Hamsa qui symbolise le principe universel. Sa shakti est une dakini (fée, sorcière) d’aspect terrifiant, elle véhicule la lumière de la connaissance.
Le symbole de Mûlâdhâra est un éléphant symbole du pouvoir du Roi Céleste (Indra), il représente la force d’action tranquille et puissante, cette force qui, mal contrôlée, est capable de tout ravager sur son passage. Mûlâdhâra se développe après avoir ouvert la voie royale (Kula Marga), et consolidé les corps physique, mental et émotionnel.
Vertus du centre : grandes affections, sympathie, courage physique, générosité, vivacité de l’intellect et de la perception.
Vices : égocentrisme, tendance à se tourmenter, manque de courage moral, imprécision, fortes passions, indolence, extravagance.
Vertus à acquérir : sérénité, confiance, contrôle de soi-même, pureté, désintéressement, précision, équilibre mental et moral.
En prenant comme support de méditation Mûlâdhâra, on obtient : des talents de parole, de poésie, d’habileté et d’organisation, le contrôle du mental et du souffle, la connaissance du passé et du futur, la maîtrise du liquide séminal, le pouvoir de la lévitation, l’art de voyager à travers l’espace.
SVÂDHISTHÂNA : SVA = force vitale, ADHISTHANA = siège ou demeure.
Il est appelé le « Centre Support du Souffle de Vie », il représente l’élément Eau qui symbolise la Prakriti, la fertilité, la pureté, la sagesse. Il contrôle toute la vie sexuelle. C’est le siège de la force vitale.
Selon Swami Yogheswarananda Saraswati dans la Science de l’âme : « Il est situé à la base du sexe, à l’avant de la colonne vertébrale à peu près trois pouces au-dessus de mûlâdhâra, près de la vésicule séminale.
« Il brille dans la vésicule séminale comme de l’eau pure dans une coupe d’or, une vapeur s’élève de cet endroit envahissant le corps et affectant ses fonctions. Cette vapeur âcre, est en connexion avec le flegme, le liquide séminal et les autres liquides du corps qui sont des modifications de l’élément Eau (Aja) qui symbolise la fertilité, la pureté, la sagesse, la grâce et la vertu. Pendant la méditation ; dans l’état tamasique, il est noir, dans l’état rajasique, il apparaît comme du lait dans une coupe d’or, dans l’état sattvique, il apparaît bleu saphir ».
Svâdhishthâna est entouré de six pétales rouges, qui représentent les six agitations mentales (vrittis) – la crédulité – la suspicion – le dédain – l’illusion – la fausse connaissance – la cruauté. Là est l’udyana-pitha (qui possède le pouvoir d’attraction sur toutes choses). Il dirige les petits mouvements vitaux, les petites envies, les désirs.
La vibration centrale du chakra est « VAM » qui produit la couleur blanche. Ce centre est le moteur de la préhension (tout ce que les mains peuvent faire), il permet le développement du sens du goût, le phénomène de contraction.
La divinité qui préside est Hari (Vishnu), il est représenté sous la forme d’un adolescent au teint bleu sombre, avec quatre bras. Il est l’Omniprésent, monté sur l’oiseau Verbe-Ailé Garuda (aigle), celui qui protège les mondes et les êtres unis dans la spiritualité. Sa shakti est Rakini, elle a trois yeux injectés de sang et est d’un aspect terrifiant. Elle est celle qui nourrit le sang et le protège.
En méditant sur cette Rakini, on libère les six ennemis de l’ego émanant de ahamkâra : Kama : la passion, le désir, l’amour égoïste – Krodha : la colère, la fureur – Lobha : l’avidité, l’impatience, la cupidité – Moha : l’aveuglement, l’égarement, la perte de conscience, l’illusion – Mada : l’autosatisfaction, l’excitation y compris l’excitation sexuelle – Matsara : l’égoïsme, la malveillance, l’hostilité.
Le symbole général de svâdhishthâna est makara, le monstre marin, le Seigneur des eaux primordiales, le Maître de la vie et de la mort. Mal contrôlé, ce centre produit un caractère instable, changeant, développant une grande émotivité et hypersensibilité pouvant mener à l’obsession sexuelle.
Vertus du centre : force, persévérance, courage, courtoisie, grand soin dans les détails, confiance en soi.
Vices : formalisme, indulgence pour ses opinions, la répugnance, la luxure, jugement trop superficiel, dévotion étroite et inintelligente, fierté, justesse d’esprit. obtenir la réalisation de l’unité, l’humilité, la gentillesse, l’amour vrai et trouver le moyen de dissoudre en soi l’illusion, la répugnance, la luxure et l’indifférence.
Vertus à acquérir : Obtenir la réalisation de l’unité, l’humilité, la gentillesse, l’amour vrai et trouver le moyen de dissoudre en soi l’illusion, la répugnance, la luxure et l’indifférence.
Résultats du développement de Svâdhishthâna : confère le pouvoir de maîtriser les désirs du corps par la maîtrise de l’élément Eau.
En prenant comme support de méditation Svâdhishthâna, on obtient : confère le pouvoir de maîtriser les désirs du corps par la maîtrise de l’élément Eau.
MANIPÛRA : Mani = joyau pierre précieuse, pierre magique qui exauce les désirs, Pura = forteresse des Asuras (êtres démoniaques).
Lotus rouge flamboyant (couleur de rajas) formé de dix pétales couleur du nymphéa bleu, situé à la racine du nombril, environ deux centimètres en-dessous du nombril. Les dix pétales représentent les agitations mentales (vrittis) suivantes: la honte – l’inconstance – la jalousie – le désir – la paresse – la tristesse – la stupidité – l’ignorance – l’aversion – la peur.
Selon Swami Yogheswarananda Saraswati, il se visualise couleur d’un soleil levant, rouge en son milieu, avec tout autour des rayons lumineux d’un blanc bleuté.
Ici, des milliers de nâdis s’unissent en de nombreuses ramifications pour parcourir les organes situés au-dessus et en dessous. Ce chakra dirige les passions les plus vastes. Manipûra est le mandala du feu appelé Svastika (croix mystique amenant le succès). La vibration émise est ressentie comme « RAM ».
Ce centre régit les fonctions de l’anus pour l’excrétion, la faculté sensorielle de la vue et le phénomène d’expansion. Son extériorisation physique est le pancréas. Il est également relié au centre cardiaque, au thymus et au centre frontal (âjnâ). La nature de Manipûra (élément Feu), est la chaleur pouvant être utilisée dans la méditation pour réchauffer ou brûler (principe de toumo).
La Divinité qui préside est Rudra, le Seigneur des Larmes (deuxième facette de Shiva), il est représenté sous l’aspect d’un vieillard le corps blanchi par les cendres, il est le Dieu des animaux, de la mort, des orages, des tempêtes, Dieu hurleur et effrayant, il permet la résorption et la dissolution des mondes. Il est l’Être Réalisé, donneur de toutes les choses favorables, il est monté sur un taureau qui symbolise la force créatrice, il fertilise la terre et l’ordre cosmique. Placé sous sa protection, il n’y a plus de peur, l’être est libéré de la peur. Les désirs sont alors exaucés.
Sa Shakti est Lâkini la Déesse Suprêmement Vertueuse, (celle qui est la bienfaitrice de tous), au corps flamboyant, elle a trois visages, quatre bras et jette des feux de ses trois yeux. Elle permet d’éloigner la peur et elle accorde des faveurs.
«Le soleil est le plan astral où règne Mara, le démon des épreuves terribles sous la forme de Maya. Quand l’adepte veut atteindre la grande initiation, Mara s’oppose aux actions vertueuses, il coalise contre lui toutes les forces de la nature; si l’adepte recule, il est perdu. Imprudent, ambitieux, égoïste. Arrière ! Le Feu que vous voulez saisir risque de vous brûler. Ne soyez pas les imprudents papillons nocturnes qui tournent autour de la lampe, fascinés par le traître rayonnement du miroir tournant de Maya».
Le fait de maintenir la conscience dans les trois premiers centres produit des effets d’égocentrisme, d’hypersensibilité, d’angoisse, de frustration, d’irritation constante, de peur sous toutes ses formes avec des tendances destructrices à critiquer, à juger.
Vertus du centre : la dévotion, la vérité d’intention, l’amour vrai, la tendresse, l’intuition, la loyauté, le respect.
Vices : l’amour égoïste, la jalousie, la colère, la superstition, les préjugés. Là sont stockés quatre-vingt pour cent des problèmes dits psychosomatiques.
Vertus à acquérir : la force, le sacrifice de soi, la pureté, la tolérance, la sérénité, la vérité, et combattre l’orgueil, la jalousie, la colère, l’indolence et la crainte.
En prenant comme support de méditation Manipûra, on obtient : Douleurs et maladies sont détruites, tous les désirs se réalisent, le temps est vaincu, l’initié ayant maîtrisé ce centre est censé ne plus craindre le feu, permet de contrôler sa vie végétative, de mettre le corps en profonde léthargie. Il obtient le pouvoir de faire de l’or et autres matières précieuses. Il connaît les plantes médicinales et peut aussi découvrir les trésors.
ANÂHATA : Chakra du Cœur, Lieu de la Sonorité non frappée.
Lieu de jonction des chakras inférieurs et supérieurs, il correspond à la source de lumière et d’amour. C’est l’arbre céleste qui exauce tous les désirs, au-delà même de ce qui a été souhaité. Il possède le contrôle sur tous les organes des sens. Situé dans la région du cœur, entre les omoplates, légèrement à gauche de l’épine dorsale. C’est un lotus noir composé de douze pétales de couleur rouge vermillon.
Les pétales représentent les douze agitations mentales (vrittis), l’anxiété – l’inconstance – l’attachement – l’arrogance – l’hypocrisie – la langueur – l’individualisme – la spéculation – la convoitise – la duplicité – l’indécision – le regret. C’est là que réside La lumière rayonnante, là que se manifeste la Syllabe de Révérence AUM, là que le Soi vivant (jîvâtman) se tient comme la flamme d’une lampe dans un lieu sans vent. Là aussi résident les notions d’individualité et de possession qui forment le nœud du cœur. Là réside la Semence Air.
Selon Swami Yogheswarananda Saraswati : « à l’intérieur du cœur est une petite masse lumineuse appelée Jyotir linga, la masse de lumière, elle est située dans une cavité anatomique appelée la cavité auriculo-ventriculaire de Hiss. Anâhata se visualise sous la forme d’une petite forme ovale grande comme un petit grain de raisin blanc, lumineuse et brillante comme l’étoile de Vénus ».
A l’intérieur de Anâhata se trouvent deux triangles isocèles gris couleur de fumée émettant constamment la vibration « YAM ». Une grande partie du symbolisme se tient dans la figure aux six triangles qui représente tous les éléments. La variation des combinaisons produit la variété des êtres.
La faculté de reproduction, de jouissance, le sens du toucher, le phénomène du mouvement sont aussi établis dans ce chakra.
La divinité qui préside est Isa, le seigneur de la compassion, il a trois yeux, il est monté sur une antilope noire, symbole de la mobilité, de la rapidité.
Sa shakti est Kâkini, le corbeau femelle, de couleur jaune comme les premiers éclairs du début de l’orage, symbole de l’éternité. Elle est assise sur un lotus rouge symbole de la chaleur et de la passion. Elle peut entraîner aussi bien aux perversions qu’à l’amour divin. Ainsi s’oppose « Ce qui vient d’en haut et ce qui vient d’en bas », libre est le chemin. Elle est une aide permettant de trouver l’ardeur nécessaire pour venir en aide aux autres.
Celui qui médite dans le péricarpe du lotus (sac fibroséreux qui entoure le cœur) ne subit pas les assauts du prâna-vayu et ne vacille jamais. Il devient le maître de la parole, il est capable de protéger ou de détruire les mondes. Il est compté au nombre de ceux qui ont conquis leurs sens. Il est capable de fixité, de l’attention et peut s’acheminer vers la libération.
L’ouverture de anâhata peut se faire sans risque si l’adepte tient compte des intérêts de groupe en cultivant un sens large de la fraternité et de la tolérance, en aimant collectivement, en cherchant à servir le plan divin sans préoccupation de plaire, d’être apprécié ou récompensé.
Vertus du centre : calme, force, patience, endurance, l’amour de la vérité, la fidélité, l’intelligence claire, caractère serein.
Vices : se laisser trop absorber par les études, la froideur, l’indifférence à l’égard d’autrui, le mépris des limitations mentales chez les autres.
Vertus à acquérir : l’amour vrai, la compassion, le désintéressement, l’énergie et combattre l’égoïsme, la vanité, la cupidité.
En prenant comme support de méditation Anâhata, on obtient : le pouvoir d’entendre de loin, de voir les choses subtiles et éloignées, de lire à cœur ouvert dans l’esprit des autres, d’en connaître les pensées. Permet de voir ses désirs se réaliser, d’ouïr le son sacré à l’intérieur du cœur, de pénétrer dans le corps d’un autre et de l’animer, permet la projection de la conscience et de se rendre invisible.
VISHUDDHA : Vi-Shuddi = devenir pur, parfait, clair (dont les actes sont devenus purs) – Lotus sans tache situé dans la gorge.
C’est un lotus transparent ou incolore à seize pétales de couleur gris fumée (bleu argent) situé dans la gorge, près de la thyroïde, dans la trachée artère. Les agitations mentales (vrittis) liées à ce chakra sont : la foi – le contentement – le sens de l’erreur – le contrôle de soi – la colère – l’affection – la tristesse – la pureté – le détachement – l’agitation – le désir.
Il est blanc à l’intérieur et bleu à l’extérieur, il est semi-lunaire. (Il y a presque seize cartilages dans la trachée artère, lieu de la résonance). Il est constitué d’un cercle blanc symbole de l’infini, du souffle de Purushottama sans commencement ni fin, s’il s’arrêtait il y aurait résorption de l’univers. Le cercle entoure un triangle symbole de l’harmonie, de la proportion et porteur du mantra «HAM» représentant l’espace, l’élément Éther.
Selon Swami Yogheswarananda Sarasvatî, il se visualise de forme ronde, semi-lunaire, blanc à l’intérieur et bleu à l’extérieur.
La faculté de la parole, le sens de l’ouïe, le principe d’audibilité, le phénomène de l’étendue, sont établis dans le chakra.
Vishuddha représente le centre de la conscience créatrice liée à la force de udâna. (Udâna permet de progresser ou de régresser selon nos tendances émotionnelles. Elle permet à la pensée de s’exprimer, règle le débit de l’air, la tension des cordes vocales quand nous parlons, commande les glandes thyroïde et para- thyroïde). Quand cette force est déficiente, elle est source d’émotivité, si elle efficiente, de stabilité et de connaissance.
La divinité qui préside est Sadachiva devenu Ardhanareshvara (androgyne), le Seigneur dont la moitié gauche du corps est féminine, à l’éclat d’or, et la moitié droite masculine blanche argentée. Il a cinq visages et dans chaque visage trois yeux. Son corps est recouvert des cendres de l’univers, il est revêtu d’une peau de tigre, et paré d’une guirlande de serpents.
Sa shakti est Sâkini, ravissante, avec cinq visages, de chaque visage brille trois yeux. Elle est de couleur jaune symbole de l’éternité, elle est en état d’ivresse pour accéder à l’immortalité. Elle ensorcelle tous les êtres.
Celui qui sans interruption maintient son esprit dans ce chakra obtient l’entière maîtrise de soi. Il reflète la paix, il est plein de douceur, de modestie et n’a aucune animosité. Il devient un poète illuminé, un maître de la parole, un homme de connaissance, à l’esprit suprêmement apaisé. Libre de maladie et de douleur et doué de longévité, il est véritablement vivant. La colère du yogi qui s’est établie dans ce centre fait certainement trembler les trois mondes.
Le développement de Vishuddha doit se faire prudemment car il peut être à l’origine de crises difficiles à surmonter surtout en cas de refoulement. L’énergie ne circulant pas agit sur les glandes thyroïde et parathyroïde provoquant des troubles pouvant aller jusqu’au cancer de la gorge.
Vertus du centre : vue large sur toutes les questions abstraites, sincérité des intentions, intellect clair, capacité de concentration sur les études philosophiques, la patience, la prudence, l’absence de tendance à se tourmenter pour soi-même et pour les autres.
Vices : l’orgueil intellectuel, la haine, la froideur, l’isolement, l’imprécision quant aux détails, la distraction, l’entêtement, l’égoïsme, la critique exagérée d’autrui.
Vertus à acquérir : la sympathie, la tolérance, la dévotion, la précision, l’énergie et le bon sens.
En prenant comme support de méditation Vishuddha, on obtient : la connaissance du présent, passé et futur, développe la claire audience, la mémoire psychique et donne le don de prophétie.
ÂJNÂ : Chakra du commandement, L’œil de la connaissance, siège du mental.
Cet œil de la connaissance a la forme de la flamme d’une lampe, par elle la perfection de la parole est atteinte. C’est le lieu de « Mukta Trivéni » (jonction des trois nâdis), jonction de la délivrance. La jonction des trois nâdis symbolisent ici trois fleuves ou rivières importants de l’Inde, Idâ est le Gange, Pingalâ la rivière Yamunâ, Sushumnâ est la rivière subtile Saraswati. Le yogi, qui par le pouvoir de son yoga, peut se baigner dans ce triple confluent, atteint la libération.
Selon Swami Yogheswarananda Saraswati dans la science de l’âme : « Âjnâ est localisé entre les sourcils, dans la région du sinus frontal et de l’os ethmoïde dans le crâne. Là se trouvent deux glandes qui sont comme des particules sableuses de couleur brune. Les chirurgiens les considèrent sans valeur, mais ils ont tort, car ils ne connaissent pas les véritables fonctions de ces glandes. Ce sont des corps qui contiennent des charges électriques, l’une positive et l’autre négative. Lorsqu’un méditant fixe la volonté sur ce lieu, elles se mettent en activité et elles apparaissent comme une flamme de lampe et, grâce à celle-ci il est possible de visiter le corps tout entier comme une torche qu’on promènerait dans une grotte sombre. Âjnâ se visualise comme une lumière de forme circulaire ou la flamme d’une lampe ».
Les deux glandes sont perçues comme deux pétales, l’un rose et jaune (la droite), l’autre bleu et pourpre. Au centre se trouve un triangle blanc renversé lumineux comme le cristal dont la vibration constante est ressentie comme «OM». Le Pranava est appelé «Atman», il ressemble à la flamme d’une lampe entourée de toutes parts d’étincelles pareilles à des lucioles, sa lumière relie le Ciel et la Terre. En ce lieu est le siège du bonheur illimité, ininterrompu. Dans ce centre sont établis le principe du mental (manas), le sens de l’ego (ahamkâra), le principe de l’intellect (buddhi) et la cause productrice (prakriti).
La divinité qui préside est « Parama Shiva » (le suprême Shiva), il possède pûrna (la plénitude) et vibhava (la puissance). Il a la compétence pour effectuer la manifestation et les autres activités cosmiques.
Sa shakti est Hâkini, d’un blanc lunaire, elle a six visages et six bras, elle aide à dompter la mort, à aller vers la connaissance, elle rassure et accorde des faveurs. Elle a l’esprit purifié, elle préside à l’élément corporel moelle.
Celui qui médite exclusivement sur ce centre devient le meilleur des sages, il est conscient de tous les points de vue, il est praticien de la non dualité, il devient glorieux, renommé pour ses pouvoirs paranormaux suprêmes et inouïs.
Au cours du développement du chakra Âjnâ peuvent se produire des troubles de la glande pituitaire, des maux de tête, des troubles des oreilles et des yeux ainsi que des troubles nerveux. Les énergies circulant dans Ajnâ sont canalisées ainsi : l’œil droit est l’agent des forces de désirs et d’émotions et l’œil gauche celui des pensées. Lorsque ce centre fonctionne, l’être est toujours identique à lui-même, calme, souple, serein, sympathique, d’humeur toujours égale, à la personnalité attirante, importante, magnétique.
Vertus du centre : notions justement précises, la justice (sans merci), la persévérance, le bon sens, la droiture, l’indépendance, l’intelligence vive, permet le contact avec l’âme universelle.
Vices : la critique dure, l’étroitesse d’esprit, la rancune, l’arrogance, caractère ne sachant pas pardonner, le manque de sympathie et de respect, les préjugés.
Vertus à acquérir : le respect, la dévotion, la sympathie, l’Amour vrai, la largesse d’esprit.
En prenant comme support de méditation Âjnâ : le yogi ayant atteint le Suprême Discernement (Parama-hamsa-purusha) est à jamais libéré de la douleur. Il voit disparaître sans difficulté toutes les conséquences de ses actes de ses naissances précédentes. Les Génies, les Démons, les Musiciens Célestes et les Beautés Célestes, etc., le servent avec respect et sont en son pouvoir.
SAHASRÂRA : Là est la réalisation de tous ses désirs, foyer de la volonté spirituelle.
Il est appelé Kailasa, le Mont du Plaisir où réside le Seigneur Suprême. Il est sans matrice, indestructible. Rien ne peut l’accroître ou le diminuer.
Au-dessus, dans l’espace existe une lumière qui est le Lotus à dix fois cent pétales, surabondant en radiance comme la pleine lune, la corolle tournée vers le bas. Son corps est miroitant, il est la forme même de la béatitude absolue. Il est situé au-dessus du crâne, à l’emplacement de la fontanelle environ quatre pouces au-dessus du sommet du crâne. En lui sont les facultés d’ouïr, les sens du toucher, de la vue, de l’odorat et du goût.
Selon Swami Yogheswarananda Saraswati, pendant la méditation, l’intérieur du crâne apparaît comme un bol d’argent retourné ou une ombrelle. Il brille comme un soleil.
A l’intérieur de la lune est le perpétuel triangle qui a l’aspect de l’éclair et, à l’intérieur de ce triangle est le Vide Absolu, racine ultime, cause fondamentale de la libération, c’est le Parabindu lui-même, il contient Prakriti et Purusha présents, ils demeurent cachés à cause de l’asservissement à la Maya. (le Parabindu n’est pas présent dans le Vide, c’est le Parabindu qui a la forme du Vide. Il consiste en Prakriti et Purusha présents, qui demeurent cachés à cause de l’asservissement de la maya). Ce vide est extrêmement caché, il a les dimensions du dix millionième de la pointe d’un cheveu. (Comment comprendre ce Parabindu, para se traduit par éloigné, et bindu par tache, lumière, point ? Cela indique qu’il y a là, dans ce vide, une présence sur laquelle il faut méditer pour en saisir l’importance).
La divinité qui préside est le souverain universel, Le Suprême Shiva, connu sous le nom de «Hamsa», le cygne cosmique symbole de l’expiration (Ham) et de l’inspiration (Sa) par lequel le yogi par la pratique du prânâyâma parvient à élever sa conscience.
« Cet homme d’élite qui, ayant discipliné son propre esprit, parvient à connaître ce lieu, ne retourne pas dans les flux du samsâra (devenir), il n’est plus ligoté par ce monde. Il ne peut plus être touché par le bien et le mal, il n’a aucune dépendance, alors il obtient l’entière puissance, la puissance d’accomplir toutes les œuvres ». Celui qui possède le Suprême pouvoir ne l’emploie pas pour des œuvres générées par l’orgueil et l’égoïsme.
L’éveil de sahasrâra est réservé à celui qui a une conduite parfaite, qui est rompu à la pratique des yâmas et des niyamas (les étapes du Yoga où Yogangas). Il est rendu actif par la méditation et le service. Sahasrâra est le foyer de la volonté spirituelle, il régit surtout l’activité des zones supérieures du cerveau ainsi que l’œil droit. C’est le seul chakra qui, la libération achevée conserve la position d’un lotus inversé. Tous les autres déploient progressivement leurs pétales au cours de l’évolution et se tournent vers le haut.
Vertus du centre : la force, le courage, la fermeté, la fidélité résultant d’une absence absolue de crainte, le pouvoir de gouverner, la capacité de saisir les grandes questions avec un esprit large, de manier les hommes.
Vices : l’orgueil, l’ambition, l’entêtement, la dureté, l’arrogance, le désir de dominer les autres, l’obstination, la colère.
Vertus à acquérir : la tendresse, l’humilité, la sympathie, la tolérance, la patience.
En prenant comme support de méditation Sahasrâra, on obtient : Permet de quitter en pleine conscience son enveloppe physique. C’est le centre de la complète libération et de l’acquisition d’un pouvoir divin de nature intraduisible et inexplicable. Le chercheur qui fixe son esprit sur ce centre voit disparaître toutes ses souffrances. Libéré de la mort, il devient immortel.
LES HUIT POUVOIRS MAJEURS
ANIMA (exiguïté) : Concerne la faculté de se faire aussi petit qu’un atome, ou plutôt de s’identifier avec l’essence de la plus petite partie de l’univers. Cet organe de vision est formé d’un petit tube flexible de matière éthérique terminé par un renflement en forme d’œil, c’est cet œil qui, en se dilatant ou en se contractant permet de voir l’infiniment petit ou l’infiniment grand (mahima).
MAHIMA (magnitude) : C’est le pouvoir d’augmenter de volume, c’est-à-dire d’élargir le cercle de sa conscience et de parvenir à la plénitude de la connaissance de l’infiniment grand. Ce talent permet à l’adepte de voir des objets immenses, le fonctionnement des systèmes solaires, des univers.
GARIMA (gravitation) : Concerne le poids et la masse et s’applique à la loi de la gravitation. C’est le pouvoir de devenir si lourd qu’aucune personne ou chose ne pourra remuer l’être, même d’un millimètre. Ce phénomène est observé chez les Yogis en état de Samâdhi. Pouvoir mental qui permet de se sentir toujours et de toutes les façons parfaitement satisfait.
LAGHIMA (lévitation) : C’est la possibilité de devenir plus léger que l’air, en détournant la force d’attraction de la terre et de s’en détacher.
Selon Alain DANIELOU, dans son livre : Yoga – Méthode de réintégration : « Cette maîtrise de la pesanteur s’obtient en développant dans chaque cellule du corps la tendance opposée ».
PRAPTI (réaliser l’objectif) : Donne le pouvoir d’atteindre ses buts en projetant sa conscience dans tous les endroits nécessaires sur les plans physique, astral et cosmique. Il trouve toujours sous sa main ce qu’il désire. Développe la clairvoyance, la claire audience, la télépathie, permet de comprendre le langage de la nature et de posséder le don des langues.
PRAKAMYA (la volonté irrésistible) : Donne la possibilité de réaliser tous ses désirs par la force de la volonté divine lorsque cette volonté a remplacé la volonté personnelle et que les désirs sont en parfaite harmonie avec le plan causal. Le Yogi est capable de rester sous l’eau autant de temps qu’il le désire, il peut aussi pénétrer dans le corps d’un autre et l’animer.
VASISTVA (le pouvoir de commander) : C’est le pouvoir de se rendre maître des forces élémentaires de la nature en utilisant le pouvoir du son créateur «OM». Cela permet de rendre docile les animaux sauvages, le yogi a le pouvoir de dominer le vent, la pluie, les autres éléments, il tient tout en son pouvoir.
ISATVA : C’est le pouvoir de disposer des cinq éléments de l’univers cosmique et de ressusciter la vie sur le plan physique.
LES TRENTE-DEUX POUVOIRS MINEURS
1 – Diminution de la chaleur du corps, sommeil et évanouissements répétés.
2 – Afflux du prâna à leurs places respectives par connexion avec le flot de la respiration.
3 – Mouvement de recul des forces prâniques kurma et nâga neutralisant les facteurs de troubles.
4 – Les sucs essentiels sont distribués dans les sept dhatus, harmonisation des souffles vitaux, les sept dhatus regorgent de sève et de vigueur.
5 – Respiration légère.
6 – Perception du son « non frappé ».
7 – Perception des sons des chakras par les oreilles.
8 – Arrêt des désirs sensuels en toutes circonstances.
9 – Entrée des énergies dans le nâdi Sushumnâ, ce qui entraîne sa purification.
10 – Kundalinî s’éveille.
11 – Montée de Kundalinî en arrêt respiratoire.
12 – Ébranlement de l’esprit pendant un instant.
13 – Vision du point lumineux du cœur.
14 – Diminution des besoins de nourriture, des fonctions d’urine, d’excréments. Le corps devient souple et léger.
15 – Le yogi illumine le monde comme un soleil.
16 – Extension des perceptions sensorielles à tout l’univers.
17 – Perception des odeurs, mêmes très éloignées.
18 – Perception des goûts, mêmes très éloignés.
19 – Vision spontanée à distance.
20 – Perception des sensations tactiles, mêmes très éloignées.
21 – Capacité d’audition à distance.
22 – Connaissance de tout ce qui se passe dans l’univers.
23 – Connaissance des actions et événements passés.
24 – Connaissance de tout l’univers depuis Brahman et de la Sruti.
25 – Invulnérabilité à toutes les maladies, plus faim ni soif et aucune gêne du corps.
26 – Perfection de la parole, puissance pour les bénédictions et les malédictions.
27 – Découverte des grands secrets et grandes merveilles.
28 – Partout où le Yogi veut aller en esprit, le corps suit.
29 – Pouvoir de se déplacer à travers toute la terre à la vitesse de la pensée.
30 – Pouvoir de se déplacer dans l’espace rien qu’en le souhaitant.
31 – Perception du «OM» dans Ajna et des lumières dans la tête.
32 – Pouvoir de ne plus utiliser tous ces pouvoirs à des buts personnels et égoïstes.
Développement des chakras selon Swami Râmdâs : Swami Râmdâs est né en 1884 dans le Kérala. Il entreprend des études à Mangalore, puis à Bombay, mais bien vite réalise qu’il n’est pas fait pour l’école. Il décroche cependant un diplôme d’ingénieur textile. Il se maria en 1908. A partir de 1919, il alterne les périodes de travail dans les usines de tissage et les périodes de méditation. Alors que sa femme et sa fille sont malades, par sa prière, Swami Râmdâs les guérit aussitôt. Ce premier miracle l’impressionne fortement. C’est à partir de ce moment qu’il commença à chanter le nom de « Ram », un dieu en Inde connu aussi sous la dénomination de Râma. Son père lui donna alors le mantra « Om Sri Ram Jai Ram Jai Jai Ram » à répéter constamment.
Il se détacha des préoccupations mondaines et prit, au cours d’un pèlerinage, le nom de Râmdâs. Il erra ainsi au travers de l’Inde vivant de charité mais sans accepter aucun argent. Sa pratique était de voir le monde comme des formes de Ram et d’accepter tout ce qui pouvait se présenter comme la volonté divine.
En 1922, il rencontre le sage Ramana Maharshi. A la suite de cette rencontre, il entre en solitude en s’établissant pendant 21 jours dans une grotte considérée comme sainte par des shivaïtes de l’Inde du Sud. Il sortit de cette retraite avec la certitude que tout est Râma. Au cours de son pèlerinage au travers de l’Inde, il eut des disciples qui firent construire, en 1931, un Ashram connu sous le nom de Anandashram, il est situé dans la ville de Kanhangad dans l’état du Kérala. En 1954, il entreprend un voyage autour du monde, accompagné de ses disciples Krishnabaï et Swami Satchidananda. Il s’éteint en 1963, après avoir fait rayonner son amour du dieu Rama. »
Extraits du livre «Entretiens de Hadeyah de Swami Râmdâs» – Spiritualités vivantes – Éditions Albin Michel
Dans le développement des chakras, il faut partir des centres inférieurs et s’élever progressivement jusqu’au sommet. C’est uniquement pour éveiller kundalinî, dans le mûlâdhâra que vous vous centrez sur eux. Même Ajnâ chakra est difficile à maintenir, et même impossible pour beaucoup. Le centre du cœur paraît plus facile, étant plus près du centre inférieur mûlâdhâra. On dit que kundalinî est éveillée au contact d’un saint, le désir de la réalisation divine jaillit d’un coup. Lorsque kundalinî arrive à un centre, certains symptômes se manifestent.
Venant du mûlâdhâra, lorsqu’elle s’élève au svâdhishthâna, l’aspirant cesse de rechercher les plaisirs et objets de ce monde. Quand elle arrive au manipûra, l’aspirant devient de plus en plus résolu à s’orienter vers l’absolu. Quand elle parvient à anâhata, se développent l’adoration de Brahman et l’amour de toutes les créatures. L’aspirant ne peut plus voir souffrir sans s’efforcer d’y porter remède, son cœur partage toutes les détresses.
Lorsque kundalinî parvient au vishuddha, l’aspirant ne peut plus parler que de l’être éternel. Au niveau situé entre les deux yeux, ce sont des visions divines et des éclats lumineux. Enfin, au sahasrâra, l’aspirant perd toute conscience physique et entre dans le nirvikalpa samâdhi, découvrant que Brahman et lui-même ne font qu’un. C’est la réalisation de Jnâna, ou connaissance de la Vérité qui est Brahman.
Après cette expérience, sa conscience se tient toujours au plus haut de la réalisation, où n’existe aucune distinction entre Brahman et lui. Il ne peut plus retomber, mais il peut encore atteindre un autre état appelé Para-Bhakti, où il voit l’univers entier comme l’expression de l’esprit immortel immuable découvert dans le nirvikalpa samâdhi, sans plus faire de distinction entre le manifesté et le non-manifesté.
Savikalpa samâdhi, état sattvique, c’est voir Brahman sous une forme, devant vous et hors de vous. Le fait de voir cette forme plonge dans l’extase.
Nirvikalpa samâdhi, c’est plonger dans l’absolu en perdant toute conscience du corps. Tout sens de dualité a disparu. Vous cessez d’exister en tant qu’entité séparée. A ce moment, les sens, le mental et le corps sont dans une totale immobilité, vous n’avez conscience, ni d’eux, ni de l’univers. Cela s’appelle Atma sakshatkara (réalisation de l’aspect impersonnel de Brahman).
Sahaja samâdhi ou sahaja avasta, après l’expérience précédente, quand le samâdhi s’efface, vous revenez à la conscience du corps, tout en gardant intérieurement conscience de l’état immortel. Cet état de conscience doit être stabilisé. Alors vous êtes entièrement rempli de la joie et de la paix éprouvées au cours du nirvikalpa. Vous vivez, vous vous mouvez et trouvez votre être en Brahman, dans toutes les conditions ou situations. Vous n’avez plus à lutter pour réaliser quoi que ce soit, puisque vous avez tout obtenu. Vous gardez la vision de Brahman en tout temps et dans toutes les situations.
Dans le nirvikalpa vous redescendez sur le plan physique, vous perdez la conscience de l’absolu, tandis que dans le sahaja vous ne faites qu’un avec lui, même en mouvement sur le plan physique et engagé dans les mouvements de la vie.