SAMKHYA ET MATIÈRE

SAMKHYA ET MATIÈRE

Ce texte est certainement très complexe pour des débutant en philosophie. Il est nécessaire d’avoir des bases de connaissances sur bon nombres de mots sanskrits pour en comprendre la portée. Cependant, il permet d’avoir des données concernant le développement de l’univers, jusqu’à nous. Le cheminement spirituel étant de remonter (par la méditation) tout ce processus pour atteindre à la conscience de l’absolu.

SAMKHYA ET MATIÈRE – Cela concerne l’étude de la structure naturelle de l’univers. Elle permet d’affirmer la pluralité du moi

Pour la Science, l’origine du cosmos est le Big-bang originel. C’est-à-dire qu’un atome super dynamique explose et qu’à partir de là se développe l’Univers.
Le physicien Jean Charron a écrit : « Si nous situons l’instant zéro de la vie de l’Univers au début de l’expansion, alors la Relativité complexe nous apprend qu’avant le commencement, l’Univers était statique, sans expansion. L’espace était sphérique, fermé…, la matière particulaire était entièrement absente. L’espace était rempli d’un rayonnement noir à une température de l’ordre de 60.000 degrés centigrades ».
Pour le Samkhya, à l’origine il y a le couple Purusha et Prakriti qui représente la polarisation de l’Énergie primordiale entrant en manifestation, énergie qui, par stades successifs de densification et d’organisation arrivera jusqu’à nous.

Cette cosmogonie part des principes suivants :

Qu’il existe un rapport causal entre les différents principes : Un principe existant, au cours du temps va en produire un second qui va s’unir au premier, puis les deux principes vont en produire un troisième qui vont s’unir aux deux, etc..
Le néant ne produit que du néant : S’il n’y avait rien avant toute création, rien n’aurait pu être créé, c’est certainement pourquoi il est admis la notion d’un Purushottama, d’un Dieu Suprême, etc., qui est perçu sous forme d’un état d’immense lumière par les sages et méditants de toutes sortes, donc d’un état sans causalité, mais qui néanmoins serait à l’origine de toute création.
Des causes appropriées produisent des effets déterminés : Par exemple : si l’on sème des graines de carottes, il ne va pas pousser des navets.
Si tout effet n’existait pas dans sa cause, il ne serait jamais produit : Un effet déterminé a forcément une cause qui engendre quelque chose de précis, sinon, cet effet là n’existerait pas.
La cause peut engendrer un effet différent : Par exemple, une personne inattentive quelques secondes peut avoir un accident très grave ; Si plusieurs personnes cultivent le même champ, de même qualité, avec la même terre, cultivent les mêmes choses que les autres, s’en occupent de la même manière, il n’y aurait certainement pas la même récolte pour chacun ; Si l’on offre une petite fortune à un groupe de personnes, celle-ci sera utilisée de façon différente, certains seront certainement ruinés très vite, d’autres seront capables de capitaliser, d’autres partageront , etc,.
L’effet n’est qu’une condition évoluée de la cause : La cause a produit son effet, qui entraînera lui aussi d’autres effets, par exemple : un arbre naît d’une graine, qui va en semer d’autres, qui lui-même va produire de l’humus autour de lui, qui va générer d’autres formes de vies.

PURUSHOTTAMA – BRAHMAN – LE NON MANIFESTE

Principe sans principe comprenant tous les processus en potentialité  « C’est moi qui pénètre tout cet univers sous ma forme invisible. Toutes choses sont en moi, mais je ne suis pas en elles. Cependant, toutes choses ne demeurent pas en moi, c’est là mon Divin mystère. Je suis la source et le soutien de tous les êtres, mais je ne demeure pas en eux », (Bhagavad-Gîtâ). Au stade humain, c’est l’étape de la révélation ultime, la découverte du non manifesté, de L’Être Spirituel Suprême, Éternel et Omniprésent. Le Yogi devient alors un Jîvâtman, un libéré vivant.

STADE UN : POLARISATION

Ici nous sommes avant toute création, avant le big-bang originel – PURUSHA (+) : Grand comme le pouce, il demeure en nous. Il est comme le Feu ardent sans aucune fumée, Seigneur de son passé et de son avenir. Il représente l’Essence ultime de l’être, le Témoin, le Soi, le Temps. Il ne participe pas à la création mais il la soutient. Il est libre et éternel, immobile, immuable, lumineux en Soi. Au stade humain, il représente l’être mental vrai, l’être vital vrai, l’être physique vrai, libéré de l’erreur de la pensée et de la volonté ignorante de la Prakriti, et directement ouvert à la connaissance et aux directions d’en haut. Représente l’âme de désirs qui change avec les gunas, constituée et déterminée par eux. La découverte du Purusha supprime toutes les sortes de souffrances.

C’est Purusha qui, par la Prakriti est la cause du cosmos, il semble expérimenter les manifestations de la Prakriti sous forme de joies et de souffrances.

PRAKRITI (- opposé ou complémentaire au + de PURUSHA) : Il y a Mûla Prakriti, la substance universelle primordiale. Elle est le symbole du pouvoir conscient de l’esprit. Prakriti représente La Nature, La Grande Mère, L’Énergie et ses processus. Elle englobe tous les processus physiques et mentaux. Elle est la cause de Kshara (le mobile, le muable, le devenir varié de l’âme). C’est l’énergie et ses processus, la nature mécanique. Elle est de deux sortes, pure et mélangée, de ce fait elle agit en fonction de l’inégalité des trois gunas, ce qui lui donne la sensation d’une personnalité active, mutable, temporelle. Prakriti est la totalité de ce qui est manifesté. Toutes les graduations, toutes les formes d’état de conscience sont incluses dans Prakriti. Le Psychisme est Prakriti.

Sri Aurobindo dans la Bhagavad-Gîtâ affirme : « Il y a une seule Prakriti et plusieurs Purushas. Car s’il n’y avait qu’un seul Purusha, tous les êtres verraient le monde de façon identique avec une objectivité et une subjectivité commune». Dans son livre (La Science de l’âme) Swami Yogeshwaranand Saraswati écrit qu’il y a huit Purusha.

A ce stade, les trois gunas sont à l’état embryonnaire, l’énergie est polarisée mais statique.
Au stade humain, lors de la méditation, la Buddhi stable et éclairée contemple le Purusha.

Prakriti est porteuse de trois phénomènes : Chanta, d’agrément – Ghora, de désagrément – Mudha, d’indifférence. Et de deux processus : Upadana qui emmagasine et génère sans nécessité d’action pour être mû et Nimita le rajas qui démarre l’évolution.

Les deux énergies primordiales (Purusha + et Prakriti -) sont vécues comme partie intégrante de l’unité, que cette unité soit cosmique, universelle ou individuelle. Elles sont données l’une comme l’autre comme étant éternelle, sans origine, indestructible. La manifestation se réalise par l’union des deux, union comparable à celle du paralytique et de l’aveugle. (L’un et l’autre vont fusionner, ne faire qu’un, l’aveugle saura ce qu’il y a à voir, et celui-ci va emmener le paralytique là où il ne peut pas aller lui-même, c’est-à-dire vers la création, dans l’enchaînement karmique). Cette union s’effectue en vue d’expériences de toutes sortes du Purusha par la Prakriti.

« Deux oiseaux, partenaires inséparables, sont perchés sur le même arbre. L’un mange le fruit et l’autre le regarde. Le premier des oiseaux est notre soi individuel qui se nourrit des joies et des peines de ce monde. L’autre est le Soi universel, témoin silencieux de ce jeu. Plongé dans le monde changeant, le soi individuel (ego), égaré, déplore son manque de liberté. Mais s’il découvre le Seigneur, tout empreint de puissance et plein de dignité, il échappe à toutes ses souffrances », (Mundaka Upanishad).

STADE DEUX : DYNAMISATION
Période du Big-bang originel, début de l’expansion de l’univers, cela produit :

MAHAT  (Le grand) – Il représente l’aspect cosmique de la Buddhi (intellect).

La réaction produit : Gô, la lumière – Vidya, la connaissance – Ishvara, le seigneur – Prajnâ, la sagesse. De cela émerge la Trimurti Hindoue, les trois gunas, modes d’êtres de la matière énergétique.

SATTVA (moins) symbole de Vishnu – TAMAS (neutre) symbole de Shiva– RAJAS (plus) symbole de Brahmâ

Puis il y a rupture d’équilibre des gunas. La masse jusqu’à maintenant homogène est devenue dynamique. Les deux énergies primordiales (Purusha + et Prakriti – ) sont vécues comme partie intégrante de l’Unité.

Alors les gunas développent leur principe : 

SATTVA Énergie convergente, principe de lumière et de connaissance vraie qui produit rayonnement et harmonie. Il maintient ce qui est créé. Au stade humain, le principe Sattvique lie l’âme et l’enchaîne au bonheur et à la connaissance, il produit l’agréable, les révélations, les joies.
TAMAS – Énergie divergente, opposée à Sattva, principe d’inertie, de non connaissance, d’obscurité. Il détruit ce qui a été créé, mais il est aussi le conservateur et l’amortisseur de Sattva et de Rajas. Au stade humain, le principe Tamasique lie l’âme à la négligence, à l’indolence et au sommeil. Il produit la torpeur, l’obstruction, il est lourd et opaque, son caractère produit l’inertie dont le rôle est de cacher, de taire. L’aspect Tamasique sur le plan de la matière donne les manifestations les plus basses, mais aboutit sur le plan psychique à la destruction des vrittis (agitations mentales). Ce qui permet d’apaiser le mental, d’accéder à la méditation, à la contemplation où la libération devient possible. C’est pourquoi Shiva est le Dieu des Yogis.
RAJAS Force orbitante, résultant du croisement des deux autres. Principe énergétique créant le mouvement, l’action. Il donne l’impulsion, il est très mobile et opère dans les deux sens : de l’inertie vers la libération et de la révélation vers l’inertie. Il crée le monde, c’est pourquoi il est lié à Brahma, c’est la raison pour laquelle il est dit « Le Grand Architecte ». Au stade humain, le principe Rajasique a la passion pour nature, il est la source des convoitises et de l’attachement. Il lie l’âme en l’attachant à l’action et produit la souffrance, la mutation.

« Quand les trois gunas sont en équilibre, tout est en repos. Il n’y a pas d’action et de création et rien à refléter dans l’être lumineux (Purusha). Mais quand l’équilibre est rompu, les trois gunas tombent en état d’inégalité où ils luttent et réagissent entre eux. Alors commence l’enchevêtrement inextricable provoquant le déroulement des phénomènes du cosmos. Et ce mouvement va durer tant que Purusha continue à réfléchir le trouble qui obscurcit sa nature éternelle. Mais quand Purusha retire son assentiment, les trois gunas reprennent leur équilibre, et l’âme est délivrée des phénomènes» (Bhagavad-Gîtâ). Au stade humain, ce sont les gunas qui par leurs inégalités créent un trouble qui agite les sens, ces derniers vont activer l’activité mentale, de cela l’ego s’affirme.

Dans son aspect individuel, MAHAT se manifeste en quatre formes sattviques : Dharma : la rectitude, l’observance des lois – Jnâna : la connaissance – Vairâgya : le détachement – Aïcvarya : la puissance. Et en quatre formes tamasiques : Adharma : non observance des lois – Ajnâna : l’ignorance – Avairâgya : l’attachement –Aaïcvarya : l’inertie.

AHAMKÂRA – Conscience de soi (ego cosmique) et domaine de l’intelligence non discursive (1). Ahamkâra s’élève de la portion de Mahat tattva où prédomine Tamas. Ahamkâra est l’égoïsme, la notion de « JE ».

(1) Non discursive, qui ne va pas d’une idée à une autre, qui est orientée vers un seul but. Au stade de Ahamkâra, les divinités Brahmâ, Vishnu, Shiva, liées aux gunas vont développer des aspects de conscience particuliers à chacun : Brahmâ pour Rajas comme conscience de veille (2), C’est lui qui fait le monde. Vishnu pour Sattva comme conscience de rêve (2), il est dit que Vishnu « rêve » les Univers, il est représenté couché sur un Nâga (serpent). Shiva pour Tamas comme sommeil profond (2). Shiva est dit être le : « Seigneur du sommeil sans rêve ». C’est par cette absence d’image qu’il se trouve rejoindre le « Non-Manifesté » et qu’il échappe à l’illusion de la maya.

(2) L’état de veille, ma conscience est limitée par mes conceptions mentales, de ce fait ma paix, mon bonheur sont conditionnés par les événements de la vie. L’état de rêve, dans cet état je suis conscient de mon existence, mais mes sens sont inactifs. Tout ce qui est entrepris ne tient compte que de mes conceptions mentales, de mon éducation. Dans cet état, les constructions reposent sur l’instabilité et s’effondrent dès que je me crois en sécurité. L’état de sommeil profond, mes actions sont faites sans la conscience du « moi » et du « je », sens de l’ego, de : c’est moi qui agis. Tout est lumineux en moi, toutes les choses se développent et se résorbent naturellement.

Sur un plan plus concret en prenant comme exemple l’observation d’une montre, il se passe cela : Dans l’état de veille : Je me contente d’observer cette montre les yeux ouverts. Dans l’état de rêve : Après avoir observé cette montre, puis en fermant les yeux, je parviens à la visualiser. Dans l’état de sommeil profond : Après avoir observé un certain nombre de montres, et les avoir mémorisées, je parviens à créer la montre idéale.

On peut aussi prendre l’exemple de soi-même dans la vie : Dans l’état de veille : Je suis dans la vie sans me poser de questions, me soumettant à la loi de la vie dans la matière pour mon propre plaisir et mon propre profit. Dans l’état de rêve : Je tire de mes expériences du passé des règles de vie pour m’orienter vers une vie plus vraie, plus juste, me menant plutôt vers un idéal. Dans l’état de sommeil profond : Le chemin réalisé jusqu’à maintenant me permet d’être placé vers cet idéal de vie qui m’élève, me réalise et me guide continuellement.

Cependant, ces trois états ne sont pas distincts. Ils sont UN et représentent une forme de l’aspect trinitaire de l’être humain.

A partir de Ahamkâra se développe le mental fait de la mémoire et du raisonnement. Puis, à partir de Manas et selon le « dosage » des gunas qui subissent eux-mêmes leurs différentes influences se forment les 24 principes de l’énergie cosmique (Manas, Chitta, Buddhi, Ahamkâra, les cinq Mahâbhûtas, les cinq Jnânendriyas, les cinq karmendriyas et les cinq tanmatras), énumérés ci-dessous.

Le quadruple instrument « Antahkarana », comprend : Manas (les pensées) – Chitta (la mémoire) – Buddhi (l’intellect) et Ahamkâra (conscience de l’ego). Manas prend naissance dans les parties Rajasique et Sattvique de Ahamkâra et Chitta dans la partie Rajasique de Mahat.
Certains textes parlent de « mémoire Akashique » où tout est mémorisé, et qu’il est possible pour certains êtres de puiser, dans cette mémoire, le savoir et la connaissance universelle. Mahat et Ahamkâra réagissant eux-mêmes en rapport avec les trois Gunas déterminent les structures de l’Univers et créent :

LES TATTVAS – Ce sont des notions de qualité

LES MAHÂBHÛTAS – Les cinq éléments subtils : L’élément subtil du son (Shabda) – L’élément subtil du toucher (Sparsha) – L’élément subtil de la vue (Rûpa) – L’élément subtil du goût (Rasa) – L’élément subtil de l’odorat (Gandha).
LES JNANENDRIYAS – Ils sont les cinq sens de perception et de connaissance, liés à Sattva : L’oreille en tant qu’organe de l’ouïe (Sotram) – Le derme en tant qu’organe du toucher (Tvachâ) – L’œil en tant qu’organe de la vue (Chakshus) – La langue en tant qu’organe du goût (Rasanâ) – Le nez en tant qu’organe de l’odorat (Nasîka).
LES KARMENDRIAYS – Les cinq organes d’action liés à Rajas. Ils sont les organes moteurs : L’oreille (Shrota) – La peau (Tvach) – L’œil (Chakshus) – La langue(Rasanâ) – Le nez (Ghrana).

Les Jnânendriyas et les Karmendriyas représentent les portes des sens.

LES TANMATRAS – Essences pures des éléments matériels ou potentiel infra atomique, liés à Tamas. Ce sont les noyaux subtils des éléments considérés comme état de la matière. Ce stade précède l’état de la matière que nous connaissons, qui sous l’effet du Raja Guna produit les cinq éléments : l’éther (Akasha) – l’air (Vâyu) – le feu (Téjas) – l’eau (Apa) – la terre (Prithivî ou Bhumi) (3).

(3) – L’Éther (Akasha) est présent partout et pénètre tous les corps, il permet les émotions, les passions, assure la propagation des sons. Dans le corps humain, il est la cause de l’endurance et de l’élasticité du corps. Akasha est réalisé pendant la méditation lorsqu’il y a eu un abandon pour les intérêts des choses du monde, et lorsque l’être est placé dans la vérité absolue en pensées, paroles et actions.
L’air (Vâyu) assure l’expansion et la contraction des muscles, permet le développement du sens du toucher. Il se manifeste dans le corps comme Prâna qui se transforme en cinq forces Prâniques. Le prâna relie ainsi Sûkshma Sharîra (corps astral) au Sthula Sharîra (corps physique), c’est-à-dire la psyché de l’homme à son corps. Vâyu prédomine dans la peau et le sens du toucher. Il développe les qualités de purification et de puissance. Il permet pour un être doué de capacité supra mentale le déplacement du corps astral d’un monde à l’autre.
Le Feu (Agni) se manifeste sous forme de lumière et de chaleur corporelle. C’est un principe de rayonnement répandu dans tout le corps. Agni produit la vie, la force, la vigueur corporelle, assume la fonction de digestion et donne au sang sa couleur rouge. Il permet à l’œil la vision, donne à la peau la clarté du teint et donne dans le cœur force aux volitions (actes de volontés). Agni allume le feu des désirs dans les organes génitaux. Il est présent dans la bile. Quand Tamas prédomine dans cet élément, les mondes prennent leur forme solide.
L’eau (Apa) se manifeste sous les formes du Slesman (éléments aqueux dans le corps- tous les liquides comme la salive, les humeurs, les glaires, etc.), il est à la fois l’élément humide, froid et liant de l’organisme. Apa prédomine dans la langue, aide à la formation des mondes, des Karmas, et à la formation atomique de l’élément Terre. Sa maîtrise permet le contrôle de la sexualité et en général des désirs du corps.
La Terre (Prithivî) est la cause de la grossièreté de l’enveloppe de Anna Maya Kosha (enveloppe de nourriture). Elle se manifeste dans le corps comme os, peau, sang, vaisseaux et muscles. Prithivî prédomine dans le nez. La maîtrise de Prithivî permet la visualisation des trois Gunas. Permet également de « voir » l’or, l’argent et autres minéraux à l’état subtil et de les utiliser pour créer (principe de l’alchimie).

Extrait de « La Science de l’Âme » de Swami Yogeshwaranand Saraswati : « La nature des cinq éléments : Au cours de l’évolution, les cinq grands éléments apparaissent de la manière suivante à partir des atomes des cinq Tanmâtras.

D’abord Akâsha (Éther) vient à l’existence. Dans le grand élément de l’éther existent des atomes de Akâsha Tanmâtra et les autres grands éléments ne peuvent exister dans l’éther, car ils sont plus grossiers que lui. Dans le grand élément air, on trouve des atomes de Akâsha Tanmâtra avec les atomes du Tanmâtra de l’air. Dans le grand élément du feu, avec les atomes de Akâsha Tanmâtra et du Tanmâtra de l’Air, il y a les atomes du Tanmâtra du feu. Dans le grand élément eau sont présents les atomes des Tanmâtras de l’éther, de l’air, du feu et de l’eau. Puis dans le grand élément terre, les atomes de Tanmâtras de l’éther, de l’air, du feu, de l’eau et de la terre sont présents.
La seconde série : Lorsque deux atomes se combinent apparaît une molécule (un Anu). Lorsque deux Anus se combinent, apparaît une paire (Dvayanuka). Lorsque deux paires se combinent, apparaît une triade (Tryanuka). Lorsque deux Tryanuka se combinent, apparaît un élément quadruple (Chaturanuka). Lorsque deux Chaturanukas se combinent, apparaît un élément quintuple (Panchânuka). Ainsi, ayant formé d’innombrables petites particules, ils vont constituer les agrégats des éléments grossiers et aider à la création de l’univers physique des cinq éléments.
La troisième série : Lorsque deux atomes de Akasha (éther) s’unissent, il commence à se former l’éther visible. Lorsque deux atomes de Akasha (éther) et deux atomes de Vâyu (air) s’unissent, il commence à se former l’air visible. Lorsque deux atomes d’éther, d’air et de feu s’unissent, il commence à se former le feu visible. Lorsque deux atomes de Akasha (éther), deux atomes de Vâyu (air), deux atomes de feu et deux atomes d’eau s’unissent, il commence à se former l’élément visible de l’eau. Lorsque deux atomes d’éther, deux atomes d’air, deux atomes de feu, deux atomes d’eau et deux atomes de terre s’unissent, il commence à se former l’élément visible de la terre. Et d’innombrables petites particules de ceux-ci vont former les éléments grossiers.
La quatrième série : Lorsque soixante atomes d’éther forment un agrégat, l’éther visible apparaît. Lorsque soixante atomes d’éther forment un agrégat avec soixante atomes d’air, apparaît l’air visible. Lorsque soixante atomes d’éther, soixante atomes d’air et soixante atomes de feu forment un agrégat, apparaît l’élément visible feu. Lorsque soixante atomes d’éther, soixante atomes d’air, soixante atomes de feu et soixante atomes d’eau forment un agrégat, apparaît l’élément visible de l’eau. Lorsque soixante atomes d’éther, soixante atomes d’air, soixante atomes de feu, soixante atomes d’eau et soixante atomes de terre forment un agrégat, apparaît l’élément visible terre. Ensuite, une quantité innombrable de ces éléments va constituer les cinq éléments grossiers.
Dans toutes ces séries sont : le son dans l’Éther ; le son et le toucher dans l’Air ; le son, le toucher et la forme dans le Feu ; le son, le toucher, la forme et le goût dans l’Eau ; le son, le toucher, la forme, le goût et l’odeur dans la Terre, tous s’assistent mutuellement.

Akâsha a une qualité, l’éther. Vâyu en a deux, l’éther et l’air. Agni en a trois, l’éther, l’air et le feu. Jala en a quatre, l’éther, l’air, le feu et l’eau. Prithivî en a cinq, l’éther, l’air, le feu, l’eau et la terre, et les qualités s’assistent mutuellement les unes aux autres, ceci doit être particulièrement noté ».

STADE TROIS

Les stades UN (Polarisation) et DEUX (Dynamisation) ne sont pas sur le plan physique. La matière que nous connaissons n’existe pas encore. Ce n’est qu’à partir du stade TROIS que débute la formation des éléments et des noyaux subtils de la matière.

Ces noyaux subtils vont se densifier et créer : Paramanu les atomes – Sthula et Bhutani les molécules. Puis s’effectue la création des soleils, de la terre, de l’eau, de l’air, des planètes, de la vie sur terre, etc,. L’hydrogène, l’oxygène, l’azote, le chlore, le calcium, le carbone, le fer, le sodium, le potassium, le phosphore, le magnésium, le souffre, etc., entrent dans la composition du protoplasme, ce dernier étant à l’origine de la vie sur terre. Le corps physique est alors réalisé par un enchevêtrement complexe de cellules, neurones, globules blancs et rouges, tissus, etc,.

Nous voici sur le plan de la matière que nous connaissons

De Sattva, c’est l’ensemble des vibrations de la force consciente de l’âme. De Rajas,ce sont des vibrations créatrices capables de tout construire et de tout démolir, le principe des devenirs et des mutations (karmas). De Tamas, qui est l’amortisseur et le conservateur de Sattva et Rajas, apparaissent les cinq Tanmâtras, qui sous l’effet du Raja guna, engendrent Akâsha (l’Éther), de ce dernier sont issus les Vâyus ou ondes universelles, de l’union de Akâsha (éther) et Vâyu (air) provient Agni (le Feu). L’union des trois engendre Apa (l’Eau) et, l’union des quatre, Prithivî et Bhumi (la Terre), la semence et la base de l’univers.

Quand les trois Gunas sont purifiés, affinés, transformés en leur équivalent divin : Sattva devient Jyoti la lumière spirituelle vraie, car Sattva par ses qualités de vertu, de pureté et de bonté qui réalisent l’être, crée la plénitude, la sérénité et l’épanouissement intérieur. Rajas devient Tapas la force tranquille dans son intensité, car Rajas, grâce aux qualités de mouvement et d’action, permet de tendre vers un seul but unique et volontaire guidé par l’être vital. Tamas devient Shama la quiétude, la paix, le repos divin. Car si l’aspect Tamasique, sur le plan de la matière, donne les manifestations les plus basses, sur le plan psychique il aboutit à la destruction des Vrittis (agitations mentales), donc à la pacification du mental, ce qui permet l’accès à la méditation.

La quête spirituelle consiste à développer la conscience pour remonter la filière de tout ce système complexe afin d’atteindre par la Buddhi (l’intellect) immobile, à l’équilibre des trois Gunas, pour contempler le Purusha libre et éternel. Expérience correspondant à l’état de révélation ultime.

Étude réalisée à l’aide des livres « Samkhya Karika » de Swami Shraddhananda Giri, éditions du Trigramme – « Le Samkhya » de Prithwindra Mukherjï, intelligences du corps – « La science de l’âme » de Swami Yogheswarananda Saraswati – des enseignements dispensés par l’école de formations des professeurs de Yoga dirigée par Sri Mahesh – puis d’un certain nombre de recherches personnelles.

Merci à tous les membres de l’association « Yoga Équilibre et Harmonie » participants aux cours de Chabris – Romorantin-Lanthenay et Vierzon qui ont consacrés une partie de leur temps à réfléchir sur ce texte compliqué, pour de le rendre plus clair, afin de véhiculer le message qu’il transporte à travers le temps.